Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Santé essentielle

29 mars 2007

Huiles essentielles chez le dentiste

Nul ne peut nier l’apport des médicaments dans la guérison des maladies. La médecine allopathique a sauvé de nombreuses vies.

En dentisterie, elle peut être très utile dans le traitement  des infections et dans le contrôle de la douleur

Cependant l’usage systématique des antibiotiques en médecine humaine, vétérinaire et en agriculture a entraîné une diminution de leur efficacité ainsi que des effets secondaires iatrogènes parfois sévères.

L’Aromathérapie qui est l’utilisation d’huiles essentielles issues de plantes aromatiques permet une alternative de choix. En odontologie les remèdes basés sur les HE  permettent de compléter, voir de remplacer efficacement et sans effet secondaires, une médication  chimique traditionnelle.

              I.      Historique et définition

Les plus anciennes civilisations ont utilisé  les plantes aromatiques dans un but thérapeutique.

Aborigènes , Australiens ,Indiens , Mésopotamiens , Egyptiens , Romains et Grecs ( y compris Hippocrate « père de la médecine » ) se servaient des substances  tirées de la plante pour fabriquer des thérapies performantes parfois empreintes de sacrés : onguents , bains  et fumigation pour leur santé leur beauté et même la conservation de leurs morts. (1)

La grande médecine arabe du moyen age utilisa les HE et en transcrivit méticuleusement les indications.

Lors des croisades ce savoir sera introduit en Europe (11eme et 12eme siècle) et les HE seront utilisées pour lutter contre les épidémies (peste, choléra…). Dés le 15émé siècle les apothicaires seront appelées « aromaterii ».

Il fallut cependant attendre l’époque contemporaine et les progrès de la technologie pour que grâce a des chercheurs et des médecins comme Pellecuer, Courmont, Gattefosse, Valnet et enfin Mailhebiau les différentes caractéristiques biochimiques et psycho biologique de HE puissent être analysées, quantifiées, qualifiées et référencées (6).

Enfin dans les années 50 l’esthéticienne et biochimiste française Marguerite Maury introduisit le concept des HE en massage et créa le premier service d’Aromathérapie en Europe.

Ces auteurs ont unanimement insisté sur la nécessaire rigueur et honnêteté présidant à l’ordonnance aromatique (5.8).

Aujourd’hui l’Aromathérapie s’impose comme l’une des thérapies complémentaires les plus performantes en matière de santé. En odontologie le praticien peut y trouver de nombreuses applications.

            II.       Critères de sélection des HE

L’Aromathérapie est une pratique complémentaire de la phytothérapie, fondée sur des HE, des  huiles végétales concentrées, destinées à rééquilibrer physiquement et psychiquement l’individu (2).

Ces HE sont extraites de diverses plantes des plus communes (Persil…) aux plus exotiques et aux plus rares. Les HE sont extraites d’essences aromatiques de certaines plantes. Plus de 150 d’entre elles ont été isolées et offrent, chacune, un parfum et des propriétés thérapeutiques différentes (3).

Il faut savoir que les cellules qui métabolisent ces essences sont disposées dans tous les organes d’un végétal (feuille, tige, racine, fleurs) et que chacune de ses parties produit des molécules différentes des autres.

L’Huile Essentielle est donc une substance naturelle provenant d’arbres ou de plantes aromatiques que l’on obtient par différentes méthodes d’extraction. La principale et la meilleure est la distillation a la vapeur d’eau qui « cuit à la vapeur » les cloisons cellulaires (2.5).

L’essence mélangée à la vapeur passe alors dans des réservoirs refroidissant ; la vapeur se condense en un liquide sature d’eau sur lequel flotte l’huile essentielle mise en flacon.

Le chemotype de la plante peut varier en fonction d’éléments aussi divers que la saison, la température, le degré d’humidité, le mode de culture…

Ceci explique la multiplicité et la grande variabilité des effets  des HE.

De ce constat l’Institut de Normalisation Scientifique d’Aromatheratologie (INSA) a retenu 3 critères pour conférer aux HE le label HEBBD : Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie (6).

Il s’agit de :

Ø      L’espèce botanique

Ø      L’organe producteur

Ø      La caractéristique biochimique

Grâce à la chromatographie on peut dresser la carte chimique d’une HE et évaluer ainsi ses propriétés.

          III.      Propriétés thérapeutiques des HE

Chaque HE possède différente particules biochimiques en différente proportions (phénol, acides, monoterpénol, ester, éthers, aldéhydes …) et des effets thérapeutiques divers. (2-4-6)

1)      Effets anti-infectieux

Notamment sur des souches résistant désormais a des antibiotiques  récents

Propriétés antivirale et antibactériennes

Ø      Des phénols  (eugénol, thymol, origanum )

Ø      Des cétones ( salvia officinalis, rosmarinum officinalis )

Ø      Des  monoterpénol ( eucalyptus radiata, ravensare aromatica, lavandula  vera )

Ø      Ou certains aldéhydes ( citrus limonum )

2)      Effets calmants et antispasmodique

Ø      Des aldéhydes (citral de la verveine, cuminal du cumin)

Ø      Des esters  (gévenyle, salicylate de méthyl, lavandula  vera citrus aurantium)

3)      Effets antiparasitaires

Ø      Surtout des phénols

4)      Effets anti-inflammatoires

Ø      Des aldéhydes ( citral du cumin , citronnelle )

Ø      Des acides

Ø      Des esters, des éthers, des alcools (salvia sclaréa)

Les HE  peuvent être aussi fongicides, expectorantes, diurétiques, immunostimulantes …

Les HE sont donc un réservoir potentiel de soins naturels et une chance pour la médecine .

Le prescripteur devra posséder une connaissance parfaite de l’Aromathérapie et s’être assuré de l’origine des HE qu’il recommande. Il existe des dangers réels et un risque pour l’état de santé du patient dans le cas d’une mauvaise utilisation (4). On peut citer par exemple l’hépatotoxicité à haute dose des huiles camphrées. Le 1.8 cinéol à forte dose est un poison. Les huiles non diluées peuvent provoquer brûlures ou eczéma…

         IV.      Utilisation en dentisterie

Des huiles essentielles agissent sous différentes formes suivant l’affection à traiter ou les soins à donner. Force est de constater que le terme d’Aromathérapie signifie littéralement « thérapie par les parfums » et laisse supposer un pouvoir thérapeutique olfactif par inhalation, c’est exact mais très réducteur.

En plus des inhalations et des diffuseurs on peut utiliser une ou plusieurs HE en application locale, pures ou diluées dans des huiles végétales (massage de la peau, application gingivale, gargarisme…).

On peut également faire fabriquer en pharmacie des préparations magistrales pour traitement interne par ingestion.

Les applications en dentisterie sont aussi diverses que variées (3-4-6-7) :

1)      En prévention comme dentifrice et contre l’halitose

Le Dr Bernard Montain (6) préconise une crème dentifrice dont le principe actif est constitue d’HE qui sont antiseptiques, antibactériennes et anti-inflammatoires. Une mention particulière concerne eugenia caryophyllata (clou de girofle) caractéristique des soins dentaires traditionnels(7).

Apres avoir été employé avec succès comme antiseptique, antibactérien et antalgique, utilisée au cabinet dentaire pour des pâtes obturatrices et des pansements provisoires elle a été remplace par un compose de synthèse appelé « eugénol » dont l’efficacité est moindre. Eugenia caryophyllata surtout associé à la cannelle de Ceylan (cinnamonum zeylanicum) extraite de l’écorce de l’arbre possède en plus d’un pouvoir antiseptique et antibactérien de premier ordre, un pouvoir antalgique et des vertus stimulantes tant sur la flore buccale que sur le tube digestif. Elle est aussi dynamisante au niveau cérébral.

Par ailleurs elle agit favorablement sur l’halitose (4).

2)      En prévention et en traitement des maladies gingivales et parodontales

Ø    Par utilisation d’un bain de bouche

Dans la littérature plusieurs formulations semblent avoir un bon résultat. Nous retiendrons la Listerine™ qui est un bain de bouche phénolé à base de menthol, de thymol, d’eucalyptus et de methylsalicylate. La Listerine™ serait capable d’extraire les polysaccharides dérivées des endotoxines des bactéries G¯ contenus dans la plaque dentaire (3) ce qui lui conférerait une activité antibactérienne.

Ø    Par application d’un baume gingival.

                                                 Ce baume est un mélange d’huiles essentielles associé à une huile végétale de millepertuis ou d’amande douce. Il possède des propriétés anti-infectieuses, antalgiques et fongicides (6).



3)      En cas d’éruption de dents lactéales ou définitives

Utilisation du  même baume qui peut être plus dilué chez les enfants

4)      En endodontie et fond de cavité


Pâte à canal et eugénate préparée à base d’eugenia, caryophylata

5)      En endodontie pour reprise de traitement canalaire


Utilisation d’HE, eucalyptus, orange douce et citronnelle dans la chambre pulpaire

6)      Avant chaque intervention dentaire, pour calmer l’anxiété


Chaque fois que le besoin s’en fait sentir, on peut donner au patient par voie sublinguale sur un morceau de sucre biologique ou sur une cuillerée de miel, l’apaisant biologique AROMADENT (6).
Cette préparation permettrait de favoriser un meilleur déroulement des soins et en cas d’anesthésie locale, l’usage de doses nettement moins élevées.
On retrouve dans ce produit nombre de végétaux utilisés autrefois par nos grand-mères et qui sont redevenus à la mode comme la camomille matricaire, la mélisse véritable,
l’orange, l’eucalyptus odorant ! Ces huiles essentielles ont pour fonction de détendre la personne et de venir à bout de la fameuse « peur du dentiste ».

7)      Dans les traitements d’orthodontie

Le baume gingival peut être utilisé en application quotidienne permettant l’adaptation et l’accoutumance aux différentes techniques d’appareillage

8)      En alternative à une antibiothérapie


Plusieurs auteurs (3-4-6) préconisent l’utilisation d’un complexe d’huiles essentielles en remplacement des thérapeutiques chimiques habituelles. Celui-ci sera établi par un aromathérapeute en fonction de chaque patient. Ce complexe sera ingéré par voie sublinguale.

9)      En assainissant d’air ou en complexe apaisant


On peut également utiliser au cabinet dentaire un complexe aromatique qui agira par l’intermédiaire d’un diffuseur, dans lequel on mélangera quelques HE pour obtenir l’effet recherché. Exemple pour un effet apaisant sur le patient : orange amère, orange douce, cannelle écorce.


           V.      Cas cliniques

Trois cas cliniques parmi les nombreux cas traités depuis quelques années me semblent intéressants.

1)            Traitement d’une péricoronarite


Monsieur FC, 30 ans, vient consulter pour une inflammation et douleur importante au niveau de la 38. Après examen clinique et radiologique, il s’avère que :

Ø    Que le capuchon muqueux est très inflammé et au passage de la sonde un peu de pus apparaît.

Ø    La 38, dont la couronne à moitié sous muqueuse, aura suffisamment de place pour pousser sur l’arcade. Cette dent n’est sous le coup d’aucune indication d’extraction.

D’autre part, Monsieur C a des problèmes d’acidité gastrique importants et préfèrerait éviter les antibiotiques.


a) Thérapeutique locale :

Un baume gingival est appliqué en local.

Celui-ci contient :

Ø    20% HE Helichrysum italicum (helichryse)

Ø    20% HE Rosmarinus officinalis 1,8 cinéol (romarin)

Ø    20% HE Lavandula officinalis (lavande)

Ø    10% HE Gaultheria procumbens (gautherie)

Ø    5%   HE Mentha piperata (menthe poivrée)

Ø    25% HE Ravensare aromatica

Le complexe ci-dessus est incorporé à de l’extrait lipidique de millepertuis ou d’huile d’amande douce dans la proportion :

Ø    97% extrait lipidique

Ø    3% du complexe aromatique

Ce baume comme nous l’avons vu précédemment possède des propriétés anti-infectieuses, antalgiques et fongicides. Il est appliqué par le praticien sur un coton tige ou avec le doigt.

b) Traitement général :

La présence de pus indiquant une infection, il est prescrit en ingestion, la préparation suivante pendant 5 jours :

Ø    25% HE Satureja montana (sarriette des montagnes)

Ø    20 % HE Ravensara aromatica (ravensare)

Ø    20 % HE Thymus vulgaris linalol (thym vulgaire)

Ø    20 % HE Rosmarinus officinalis (1,8 cineol)

Ø    15 % HE Anetum graveolas (aneth)

Ce complexe est ingéré soit par voie sublinguale à raison d’une goutte par jour pendant cinq jours.

Le patient est revu au bout de 48 heures. La présence de pus a disparu et la gencive a quasiment retrouvé son état normal.

Une deuxième application du baume est faite. Le patient est revu 8 jours après. Tout est rentré dans l’ordre.

2) Traitement d’une halitose :

Madame JP 45 ans vient consulter pour mauvaise haleine. A l’examen clinique, on décèle la présence d’un peu de tartre et une faible inflammation gingivale au niveau des incisives du bas.

Un détartrage surfaçage est effectué. La motivation à l’hygiène et l’explication du brossage semble bien compris : la patiente est très motivée.

Un rendez-vous est pris 15 jours plus tard : l’état de surface des dents est impeccable mais l’halitose continue de gêner la patiente. Après avoir écarté d’éventuels problèmes gastro-intestinaux, j’apprends que Madame P a un traitement de fond homéopathique et possède quelques connaissances en aromathérapie. Il est donc prescrit une pâte dentifrice compatible avec son traitement composé comme suit :

Ø    HE Eugenia caryophylata
Giroflier (griffe)

Ø    HE Cinamonum zeylanicum
Cannelle de Ceylan (écorce)

Ø    HE Rosmarinum officinalis 1,8 cineol
Romarin officinal (rameau fleuri)

Ø    HE Thymus vulgaris, thymol
Thym (rameau fleuri)

Ø    HE Foniculum vulgare
Fenouil doux graines

Ø    HE Pimpinella anisum
Anis (graine)

On mélange deux gouttes de chaque HE dans quelques gouttes de diluant végétal que l’on incorpore à une pâte dentifrice biologique neutre. La patiente est revue un mois plus tard : l’halitose a complètement disparu et la patiente est très satisfaite.

3) Traitement d’une gingivite généralisée :


Mademoiselle FC, 25 ans, vient consulter pour sensibilité et saignements gingivaux.
A l’examen clinique, on décèle la présence de tartre généralisé et un saignement gingival important dès le contact avec la sonde. A l’examen radiologique, il n’y a pas de perte osseuse.
Elle accepte de se prêter à l’expérience suivante :

Ø    La moitié droite des arcades haut et bas est soigneusement détartrée et il est appliqué le baume gingival précédemment cité.

Ø    La partie gauche n’est pas détartrée mais le baume est appliqué 3 jours de suite

Ø    Aucune motivation au brossage n’est réalisée. La patiente conserve ses habitudes de brossage.

Une semaine plus tard, la patiente est contrôlée : le côté droit ne présente plus du tout d’inflammation et les saignements ont complètement disparus. Le côté gauche ne présente plus de saignement mais la gencive reste inflammatoire au niveau des papilles et parfois une « petite sensibilité » persiste.

Il semble donc que l’application du baume, même en présence de tartre et sans amélioration de l’hygiéne, permet une diminution importante du processus infectieux et inflammatoire.

         VI.      Conclusion

         L’Aromathérapie, branche de la Naturopathie permet une approche différente de la médecine. Les traitements par les plantes sont utilisés depuis la nuit des temps. Mais le développement de l’industrie pharmaceutique a mis peu à peu à l’écart ce type de thérapeutique.
Cependant, les patients sont de plus en plus à l’écoute de traitements globaux, où chaque pathologie fait partie d’un tout, qui prennent en compte des thérapeutiques
humanistes et respectueuses de la nature, alliant efficacité et absence d’effets secondaires.

L’Aromathérapie peut être une alliée précieuse dans le domaine de la santé bucco-dentaire tant en prophylaxie qu’en thérapeutique. Cela suppose évidemment une rigoureuse formation permettant au praticien de bien connaître ce qu’il prescrit et la manière de le prescrire.

Publicité
Publicité
Santé essentielle
Publicité
Publicité